La pauvreté est un concept plus complexe qu’il n’y paraît. Et les jeunes qui vivent dans des conditions précaires vont avoir des difficultés à se sortir de cette impasse. Contrairement à certaines croyances populaires, la volonté n’a que peu d’effet pour lutter contre la pauvreté. Alors qu’une partie de la jeunesse vit actuellement dans la précarité, il est intéressant de mieux comprendre leur situation.
Qu’est-ce que la pauvreté chez les jeunes?
Il n’existe pas une seule définition de la pauvreté qui est acceptée par l’ensemble des pays du monde. La situation de pauvreté d’une personne est déterminée selon la logique de chaque pays. Mais le plus souvent, les gouvernements se basent sur les revenus ou le pouvoir d’achat des individus.
Quelle est la différence entre revenu et pouvoir d’achat?
Le revenu correspond à l’argent qui revient à une personne pour la rémunération de son travail et l’argent gagné sur le capital. L’argent gagné sur le capital correspond à des gains sur des placements financiers ou immobiliers par exemple.
Le pouvoir d’achat, quant à lui, correspond au volume de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter. C’est-à-dire qu’avec le même montant d’argent, il n’était pas possible de s’acheter la même quantité de biens en 1950 qu’en 2020. Et il arrive que même si les revenus augmentent, de son côté, le pouvoir d’achat diminue.
Au Canada, on considère qu’une personne vit en situation de pauvreté lorsque son revenu net (revenu après avoir payé ses impôts) est inférieur à la moitié du revenu médian canadien. Le revenu médian canadien est calculé chaque année et disponible sur le site de Statistique Canada.
La pauvreté affecte d’abord les plus jeunes. En effet, ce sont les enfants et les jeunes qui représentent la tranche de la population la plus touchée par la pauvreté. Ils sont également les plus vulnérables en période de crise économique.
Pourquoi certains jeunes sont-ils pauvres?
Tout d’abord, afin de lutter contre les préjugés, il est important de rappeler certains résultats d’études concernant la pauvreté chez les jeunes. Dans la majorité des cas, les jeunes se retrouvent en situation de précarité à cause de leur appartenance à un milieu social. Autrement dit, les jeunes sont pauvres avant tout parce que ce sont des enfants issus de milieux peu aisés ou des jeunes actifs peu qualifiés.
À cela, viennent s’ajouter d’autres facteurs qui maintiennent les jeunes dans la pauvreté :
- L’augmentation du prix des logements : les loyers sont plus chers chaque année. Et cette augmentation n’est pas progressive. Elle est influencée par les prix du marché immobilier qui sont fluctuants.
- La hausse du taux d’inflation : qui est une augmentation générale et durable des prix. En période de crise économique, cette hausse des prix peut être importante.
- L’endettement étudiant : le coût des études oblige un grand nombre de jeunes à s’endetter avec des prêts étudiants. Le coût des études supérieures constitue également un frein à l’accès aux études universitaires et qualifiantes.
- L’instabilité des « jobines » : travail non qualifié, job étudiant, job d’été, etc. Ce sont des emplois souvent précaires. Ils font partie des premiers emplois menacés en cas de crise économique, ou tout simplement, en cas de changements internes dans les entreprises.
Quels sont les effets de la pauvreté sur les jeunes?
Les effets sont nombreux tant au niveau physique que psychologique. Comme nous l’avons vu, les jeunes en situation de précarité ont le plus souvent connu la pauvreté dans leur enfance. Et que l’on soit enfant, adolescent ou jeune actif, la pauvreté mène à des problèmes de santé, de la marginalisation, une baisse de l’estime de soi et parfois de la dépression.
Les effets sur la santé globale
Plusieurs études montrent que le niveau de revenu des familles a une influence sur l’état de santé des enfants lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. À l’âge adulte aussi, l’absence d’une alimentation variée et équilibrée influence l’état de santé global. De plus, les jeunes qui sont confrontés à la pauvreté vont avoir plus de difficulté à se soigner. Il faut savoir que ces facteurs sont cumulatifs et se manifestent à très long terme.
L’exclusion
La pauvreté mène à l’exclusion, car avoir des activités sociales n’est pas gratuit. Il est difficile de sortir faire du sport ou de retrouver des amis lorsque le budget est serré. Le matériel de sport, les activités culturelles, les cafés, les restaurants ne font pas partie des besoins de première nécessité. Cette situation à des répercussions sur l’estime de soi. Il devient alors difficile pour les jeunes de rencontrer des amis ou amies, des partenaires amoureux et de bâtir des projets. Ces éléments peuvent finir par isoler et marginaliser les jeunes.
Les effets sur la santé mentale
Selon Statistique Canada, le revenu continue de jouer un rôle dans la santé mentale des jeunes. Ils sont plus susceptibles de déclarer ne pas avoir une bonne santé mentale et avoir déjà eu des pensées suicidaires. Les facteurs qui contribuent à la dépression et aux idées suicidaires sont complexes et différents pour tout le monde. Toutefois, il y a un lien entre l’accumulation des facteurs de risque et les effets sur la santé mentale. Aussi, la pauvreté chez les jeunes les expose à de nombreuses problématiques qui peuvent s’accumuler. Comme nous venons de le voir, il s’agit ici de la santé physique, de l’estime de soi, de l’exclusion, de l’isolement, ou encore de la difficulté à se projeter dans l’avenir.
Si vous êtes en situation de pauvreté ou si un membre de votre entourage connaît cette situation, parlez-en. Évidemment, la pauvreté est un phénomène complexe dont les causes et les répercussions sont multiples. Mais la pauvreté n’est pas pour autant une fatalité. En comprendre les mécanismes, c’est déjà un premier pas pour lutter contre les préjugés et l’exclusion.
Il est également important de s’entourer et d’aller chercher des ressources, car il est très difficile de se sortir seul de la pauvreté. Il existe des organismes et des associations jeunesse qui peuvent vous donner la liste des ressources disponibles près de chez vous.
Sources
https://childrenfirstcanada.org/wp-content/uploads/2021/09/CFC-RC-CTA-2021_Final-FR.pdf
https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/42-28-0001/2021001/article/00001-fra.htm